Annales2006 - Nâavons-nous de devoirs quâenvers autrui ? L'analyse Le devoir dĂ©signe lâobligation morale qui sâimpose Ă un individu lorsquâil agit. Cette obligation morale lâassigne Ă un devoir-ĂȘtre, câest-Ă -dire lâenjoint Ă agir selon une fin qui ne dĂ©pend pas de son bon vouloir mais sâimpose Ă sa volontĂ©.
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Dans son livre Protecting the Vulnerable, Robert Goodin dĂ©fend la thĂšse de lâexistence dâune responsabilitĂ© Ă lâĂ©gard de toutes les personnes vulnĂ©rables. Lâintention de ce texte est de montrer comment il fonde cette responsabilitĂ© dans une thĂ©orie libĂ©rale des devoirs. La premiĂšre partie expose lâargumentation par laquelle Goodin Ă©tablit que la teneur normative des devoirs moraux ne rĂ©side pas dans la volontĂ©, mais dans la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. La deuxiĂšme partie prĂ©sente les grandes lignes de son Principe de protection des personnes vulnĂ©rables. La troisiĂšme partie argue que lâĂtat est le premier responsable dans la protection des personnes vulnĂ©rables, car câest lui qui possĂšde le pouvoir dâaction pour prĂ©venir les relations dâexploitation qui causent la vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique. La quatriĂšme partie prĂ©sente trois raisons qui mettent en lumiĂšre lâintĂ©rĂȘt actuel de la contribution de Goodin. In his book Protecting the Vulnerable, Robert Goodin argues that there exists a responsibility towards all vulnerable people. The intention of this text is to show how he bases this responsibility on a liberal theory of duties. The first part explains Goodinâs argument that the normative content of moral duties does not lie in the will, but in the vulnerability of people. The second part outlines the Principle of Protection of Vulnerable People. The third part argues that the State is primarily responsible for protecting vulnerable people, because it has the power to prevent exploitative relationships that cause morally problematic vulnerability. The fourth part presents three reasons that highlight the current interest of Goodinâs de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1 Câest notamment ce que fait valoir BrenĂ© Brown dans Le Pouvoir de la vulnĂ©rabilitĂ© la vulnĂ©rabil ... 1Souffrance et vulnĂ©rabilitĂ© semblent aller de pair. La vulnĂ©rabilitĂ©, câest la possibilitĂ© dâĂȘtre blessĂ©, donc de souffrir ; ce qui inscrit la vulnĂ©rabilitĂ© dans le registre des maux. En mĂȘme temps, notre propre vulnĂ©rabilitĂ© peut aussi ĂȘtre pensĂ©e comme la condition de la sensibilitĂ© Ă lâĂ©gard de celle dâautrui et le berceau » de lâamour, de lâempathie et du courage1 ; ce qui fait de la vulnĂ©rabilitĂ© une caractĂ©ristique humaine dĂ©sirable et mĂȘme essentielle. Pour les philosophes Paul RicĆur, Emmanuel Levinas et Hans Jonas, la vulnĂ©rabilitĂ© est dâabord et avant tout un appel Ă la responsabilitĂ© Ă lâĂ©gard de la souffrance actuelle ou potentielle dâautrui ; elle sâimpose dĂšs lors comme une catĂ©gorie ou un critĂšre moral fondamental et incontournable. 2 C. Mackenzie â W. Rogers â S. Dodds, Introduction What is Vulnerability, and Why Does it Matter ... 3 Mackenzie â Rogers â Dodds, Introduction », p. 7. 4 Mackenzie â Rogers â Dodds, Introduction », p. 7. 2La vulnĂ©rabilitĂ© est non seulement une caractĂ©ristique humaine, elle est le trait distinctif de tout le vivant. En tant quâĂȘtres finis, les ĂȘtres vivants sont par essence vulnĂ©rables. Chez lâĂȘtre humain toutefois, cette vulnĂ©rabilitĂ© ontologique vient non seulement de sa constitution physique et biologique et des besoins matĂ©riels qui y sont attachĂ©s, mais du fait quâil est un ĂȘtre affectif et social, dĂ©pendant dâautrui et vulnĂ©rable Ă la nĂ©gligence et aux abus, Ă lâhumiliation, Ă la discrimination, au deuil, Cette vulnĂ©rabilitĂ©, intrinsĂšque Ă la condition humaine, Catriona Mackenzie, Wendy Rogers et Susan Dodds la nomment inhĂ©rente » et la distinguent de ce quâelles appellent la vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle »3 ou la vulnĂ©rabilitĂ© due Ă un contexte spĂ©cifique » ; câest-Ă -dire celle qui est causĂ©e ou exacerbĂ©e par les situations personnelles, sociales, politiques, Ă©conomiques ou environnementales des individus et des groupes sociaux4 ». 5 Je classe Hans Jonas Ă part. Il se soucie de la vulnĂ©rabilitĂ© accrue qui vient de lâaccroissement ... 3Ă la diffĂ©rence de celle sur laquelle portent les rĂ©flexions de RicĆur et de Levinas5, câest Ă cette vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle que sâintĂ©ressent ce quâil est maintenant convenu dâappeler les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ©, portĂ©es principalement â du moins dans le monde anglo-saxon â par des thĂ©oriciennes fĂ©ministes. Ces Ă©thiques sont prĂ©occupĂ©es par la vulnĂ©rabilitĂ© qui rĂ©sulte dâinjustices dâorigine humaine, la vulnĂ©rabilitĂ© qui nâa pas Ă ĂȘtre, qui peut ĂȘtre Ă©vitĂ©e et contre laquelle on peut agir. 6 H. Thomas, Les vulnĂ©rables. La dĂ©mocratie contre les pauvres Terra, Bellecombe-en-Bauges Savoie ... 7 L. Burgorgue Larsen, La vulnĂ©rabilitĂ© saisie par les juges en Europe Cahiers europĂ©ens 7, Paris, ... 4LâintĂ©rĂȘt croissant pour la vulnĂ©rabilitĂ© injuste » ne se limite pas Ă la thĂ©orie Ă©thique, mais sâĂ©tend Ă une diversitĂ© de domaines et de disciplines. La notion de groupes vulnĂ©rables, omniprĂ©sente en santĂ© publique et dans les sciences sociales, se dĂ©cline en une multitude de sous-groupes enfants et adolescents, majeurs inaptes, personnes ĂągĂ©es, travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs, travailleurs sociaux ou travailleurs du care, minoritĂ©s nationales, groupes marginalisĂ©s, pauvres, classe moyenne, enfants soldats, etc. Dans les pratiques dâaccompagnement et dâintervention, pensĂ©es par dĂ©finition en fonction des personnes ou des groupes vulnĂ©rables, la rĂ©flexion et la recherche sur les implications du recours Ă cette notion prennent lĂ aussi une place grandissante. On constate quelque chose de similaire dans les milieux dâaffaires et le monde des organisations ainsi que dans la dĂ©finition des politiques sociales nationales et internationales6. Dâaucuns parlent dâailleurs de Vulnerability Turn »7 pour rendre compte de lâexplosion du nombre de travaux qui convoquent la notion de vulnĂ©rabilitĂ© pour repenser les rapports des ĂȘtres humains entre eux, leurs rapports Ă lâenvironnement, ainsi que les implications normatives qui en dĂ©coulent pour les individus, les groupes et les Ătats. 5Du cĂŽtĂ© de la philosophie morale, la notion de vulnĂ©rabilitĂ© structure un modĂšle Ă©thique qui sâoppose aux Ă©thiques modernes libĂ©rales, dĂ©ontologiques et utilitaristes. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, ce modĂšle sâoppose Ă lâĂ©thique pensĂ©e en termes de justice et de droits, dâautonomie et dâautodĂ©termination du sujet moral, de responsabilitĂ© symĂ©trique et de rĂ©ciprocitĂ© â ce quâon appelle les Ă©thiques de justice. En postulant une Ă©quivalence entre autonomie et dignitĂ© morale, celles-ci seraient insuffisantes pour garantir la dignitĂ© des personnes. Non seulement elles peinent Ă dĂ©finir le statut moral des ĂȘtres non autonomes embryon et fĆtus, environnement, animaux, gĂ©nĂ©rations futures, etc., mais elles se limitent ou ne sâappliquent quâĂ une sphĂšre exiguĂ« des relations et des activitĂ©s humaines. Une contribution importante des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© a donc Ă©tĂ© de revoir lâanthropologie philosophique dominante qui pense lâĂȘtre humain en termes dâautonomie, pour la remplacer â ou plutĂŽt la complĂ©ter â par une conception de lâhumain comme ĂȘtre vulnĂ©rable qui, malgrĂ© sa condition de vulnĂ©rabilitĂ©, aspire Ă lâautonomie. Elles ont rendu visible dans la thĂ©orie Ă©thique ce qui ne lâĂ©tait pas auparavant la vulnĂ©rabilitĂ© et pris en compte le fait que tous les projets de vie ne peuvent pas sâinscrire dans une visĂ©e dâautonomie ceux des handicapĂ©s graves, des personnes en fin de vie, etc. Un autre apport significatif des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© a Ă©tĂ© dâĂ©clairer les causes structurelles, de nature sociale et politique, des injustices que subissent les groupes et les personnes vulnĂ©rables, contribuant ainsi Ă mieux dĂ©finir les conditions dâune dignitĂ© concrĂšte. 6Enfin, parce quâelles pensent lâĂ©thique en termes de relations plutĂŽt que sous lâangle des intĂ©rĂȘts individuels, les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© seraient plus aptes que les Ă©thiques de justice Ă relever les dĂ©fis Ă©thiques contemporains impliquant des personnes et des communautĂ©s en situations de vulnĂ©rabilitĂ©, ainsi que des ĂȘtres non autonomes et non responsables. Aussi, le concept de vulnĂ©rabilitĂ© structure-t-il plusieurs des rĂ©flexions en Ă©thique du care, en thĂ©orie juridique fĂ©ministe, en thĂ©orie politique du care et en Ă©thique de lâenvironnement. Ces travaux visent Ă faire de la vulnĂ©rabilitĂ© un concept central en Ă©thique. 8 R. E. Goodin, Protecting the Vulnerable. A Reanalysis of our Social Responsibilities, Chicago, Uni ... 9 Lâexpression vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique » dĂ©signe les formes ou les situations de vu ... 10 Les Ă©thiques du care et certaines Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© insistent sur la proximitĂ© et la na ... 7En raison de la critique quâelles dĂ©ploient, les Ă©thiques de vulnĂ©rabilitĂ© sâinscrivent donc dans un rapport dâopposition avec les Ă©thiques de justice. Toutefois, bien quâelles aient accompli dans les derniĂšres annĂ©es un travail colossal autour de lâanalyse du concept de vulnĂ©rabilitĂ©, elles butent sur le problĂšme de sa teneur normative et du fondement de lâobligation morale qui en dĂ©coulerait. Câest prĂ©cisĂ©ment Ă ce problĂšme que sâattaque Robert Goodin dans son livre Protecting the Vulnerable8 dont lâobjectif est de fonder une responsabilitĂ© sociale et collective Ă lâĂ©gard des personnes et des groupes vulnĂ©rables, dans les devoirs habituellement reconnus dans la pensĂ©e libĂ©rale. Le livre de Goodin est la premiĂšre rĂ©flexion systĂ©matique sur la vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique9 et les obligations ou la responsabilitĂ© quâelle gĂ©nĂšre. Goodin ne cherche pas Ă fonder la responsabilitĂ© dans la vulnĂ©rabilitĂ©, mais plutĂŽt dans les devoirs que nous nous reconnaissons habituellement. Il dĂ©montre aussi pourquoi cette responsabilitĂ© ne vaut pas quâĂ lâĂ©gard des personnes qui nous sont proches ou avec qui nous sommes en relation10, mais quâelle sâĂ©tend Ă toutes les personnes et groupes vulnĂ©rables, et peut-ĂȘtre aussi Ă dâautres ĂȘtres ou objets tels que les animaux, lâenvironnement, les gĂ©nĂ©rations futures, les paysages, etc. Ce faisant, il fournit aux Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© un fondement quâelles tardent Ă reconnaĂźtre comme valable. 8Lâobjectif de ce texte est de rappeler lâimportance de la contribution en philosophie morale de Robert Goodin Ă la rĂ©flexion sur la vulnĂ©rabilitĂ©, que les travaux plus rĂ©cents menĂ©s par les Ă©thiciennes du care et les thĂ©oriciennes fĂ©ministes ont dĂ©prĂ©ciĂ©e ou mise de cĂŽtĂ©. La thĂšse que dĂ©fend Goodin est que nous avons, individuellement et collectivement, des responsabilitĂ©s fortes Ă lâĂ©gard dâun large Ă©ventail de personnes, et non seulement Ă lâĂ©gard de celles qui nous sont proches ou envers qui nous nous engageons volontairement. Nous avons des responsabilitĂ©s fortes envers toutes les personnes qui sont vulnĂ©rables Ă lâĂ©gard de nos actions et de nos choix. 9La premiĂšre partie de ce texte prĂ©sente lâanalyse des devoirs menĂ©es par Goodin, qui lui sert Ă montrer que la teneur normative des devoirs moraux â le fondement de lâobligation morale â ne rĂ©side pas dans la volontĂ©, mais dans la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. La vulnĂ©rabilitĂ© engendrerait une obligation morale, une responsabilitĂ©, que Goodin Ă©nonce sous la forme dâun principe â le Principe de protection des personnes vulnĂ©rables â qui se dĂ©cline en trois principes de responsabilitĂ©. La deuxiĂšme partie de ce texte prĂ©sente les grandes lignes du Principe de protection des personnes vulnĂ©rables et ses trois variations. Ce principe fait de lâĂtat le destinataire principal de la responsabilitĂ© ou du devoir moral car câest lui qui possĂšde le pouvoir dâaction le plus efficace pour prĂ©venir les torts auxquels sont exposĂ©es les personnes. LâĂtat a un pouvoir important pour prĂ©venir plus particuliĂšrement la vulnĂ©rabilitĂ© qui dĂ©coule des relations dâexploitation. Câest ce qui fait lâobjet, briĂšvement, de la troisiĂšme partie. Enfin, la quatriĂšme partie fait ressortir trois raisons qui mettent en lumiĂšre lâintĂ©rĂȘt actuel de la contribution de Goodin. I. La vulnĂ©rabilitĂ© comme source des devoirs moraux 11 Voir n. ci-dessus. 10Dans leur texte introductif Ă Vulnerability. New Essays in Ethics and Feminist Philosophy, Catriona Mackenzie, Wendy Rogers et Susan Dodds11 estiment quâune Ă©thique ou une thĂ©orie de la vulnĂ©rabilitĂ© devrait pouvoir rĂ©pondre Ă quatre questions quâest-ce que la vulnĂ©rabilitĂ© ? pourquoi la vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©nĂšre-t-elle des obligations morales et des devoirs de justice ? Ă qui revient la responsabilitĂ© premiĂšre de rĂ©pondre Ă la vulnĂ©rabilitĂ© ? de quelle maniĂšre sâacquitter le mieux de nos obligations envers les personnes vulnĂ©rables ? 12 Plusieurs des critiques faites Ă Goodin par les thĂ©oriciennes fĂ©ministes porteront dâailleurs sur ... 11Lâouvrage de Goodin rĂ©pond beaucoup trop rapidement et de maniĂšre incomplĂšte Ă la premiĂšre question â jây reviendrai plus loin12. Mais il apporte une rĂ©ponse plus solide et mieux Ă©tayĂ©e Ă la deuxiĂšme et Ă la troisiĂšme questions. La thĂšse de Goodin part dâune intuition morale nous nous reconnaissons des devoirs particuliers Ă lâĂ©gard de ceux qui nous sont proches famille, amis, concitoyens et contractants de mĂȘme quâĂ lâĂ©gard de ceux envers qui nous nous sommes engagĂ©s. Nous considĂ©rons aussi que ces devoirs particuliers constituent des revendications morales fortes qui surpassent tout devoir gĂ©nĂ©ral positif dâaider autrui les rĂ©fugiĂ©s syriens ou africains, par exemple. Câest sur ce dernier point que notre intuition nous trompe, selon Goodin, pour qui les devoirs particuliers ne seraient pas, en fait, si particuliers. Pourquoi ? Parce que ces devoirs nâont pas leur source dans un engagement volontaire de notre part, mais plutĂŽt dans la vulnĂ©rabilitĂ© dâautrui. Or, si la vulnĂ©rabilitĂ© est la source de nos obligations particuliĂšres, il nây a pas de raison pour quâelle nâentraĂźne pas aussi des devoirs plus larges, Ă lâĂ©gard de toutes les personnes vulnĂ©rables et non seulement Ă lâĂ©gard de celles avec qui nous avons des relations particuliĂšres. Nos obligations positives envers les autres en gĂ©nĂ©ral â les devoirs gĂ©nĂ©raux positifs â auraient donc la mĂȘme force morale que nos devoirs particuliers, câest-Ă -dire la mĂȘme force morale que les devoirs qui dĂ©coulent de nos engagements volontaires. 12Pour bien saisir lâargumentation de Goodin, il est utile de revoir avec lui les quatre types de devoirs moraux que lâon retrouve dans la philosophie des droits. Le schĂ©ma suivant indique lâordre de prioritĂ© de ces types de devoirs sur le plan normatif. Les devoirs de la catĂ©gorie 1 sont les plus contraignants et ceux de la catĂ©gorie 4, les moins contraignants. Devoirs nĂ©gatifs Devoirs positifs Devoirs gĂ©nĂ©raux 1 4 Devoirs particuliers 2 3 13Les devoirs gĂ©nĂ©raux concernent tous les ĂȘtres humains pris de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, alors que les devoirs particuliers concernant certaines personnes prises singuliĂšrement, des proches ou les membres de groupes particuliers. Les devoirs nĂ©gatifs sont des devoirs dâabstention ne pas faire de tort Ă autrui, devoirs de non nuisance ou de non malfaisance alors que les devoirs positifs sont des devoirs de faire quelque chose. 13 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 22. 14 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 20. 15 Cette intuition morale a Ă©tĂ© maintes fois confirmĂ©e en philosophie morale expĂ©rimentale en soumett ... 14Dans la littĂ©rature philosophique de tradition libĂ©rale, le devoir nĂ©gatif de ne pas causer de tort aux autres en gĂ©nĂ©ral 1 est toujours prioritaire par rapport Ă nâimporte quel devoir positif dâaider les autres en particulier 313. Les devoirs gĂ©nĂ©raux nĂ©gatifs 1 sont donc plus stricts et contraignants que les devoirs positifs. Câest pourquoi ils sont renforcĂ©s par des lois, ce qui nâest habituellement pas le cas des seconds. Par exemple, le devoir de ne pas envoyer de nourriture empoisonnĂ©e aux pauvres des pays qui ont besoin dâassistance devoir gĂ©nĂ©ral nĂ©gatif est plus contraignant que le devoir de leur envoyer de la nourriture devoir gĂ©nĂ©ral positif14. Lâintuition morale sous-jacente est quâil est pire de faire du tort Ă quelquâun que de refuser de lâaider15. 15Pour ce qui est des devoirs particuliers, aucune prioritĂ© ne sâapplique les devoirs des catĂ©gories 2 et 3 sont Ă©gaux. Dans le cadre des relations interpersonnelles ou contractuelles, il est aussi blĂąmable de ne pas sâacquitter de ses obligations positives que dâagir en portant prĂ©judice Ă quelquâun. Mais ces deux types de devoirs pĂšsent davantage que les devoirs positifs dâaider autrui en gĂ©nĂ©ral 4, bien que, prĂ©cise Goodin, on reconnaisse des exceptions qui prennent en compte le degrĂ© du tort en cause. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je devrai protĂ©ger mes enfants 3 avant de sauver des Ă©trangers 4, mais il peut ĂȘtre moins obligatoire de protĂ©ger mes enfants dâun tort mineur 3 que de sauver la vie dâun Ă©tranger 4. 16 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 26-27. 16Ayant rappelĂ© cette hiĂ©rarchie des types de devoirs moraux, Goodin examine les mauvaises raisons pour lesquelles les devoirs gĂ©nĂ©raux positifs 4 sont considĂ©rĂ©s comme surĂ©rogatoires et non contraignants. Il veut montrer que rien ne justifie quâils soient systĂ©matiquement supplantĂ©s par les devoirs particuliers 2 et 3 ; que les devoirs de type 4 ne sont pas, sur le plan de lâobligation, distincts des devoirs particuliers. Ă son avis, les considĂ©rations qui font que les devoirs de justice sont moralement contraignants â des considĂ©rations justement relatives Ă la vulnĂ©rabilitĂ© particuliĂšre dâune personne vis-Ă -vis une autre â donnent lieu Ă©galement Ă des devoirs de bienfaisance beaucoup plus Ă©tendus16 ». 17 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 33. 18 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 17Pour ce faire, il attaque la thĂšse volontariste selon laquelle les devoirs particuliers sont moralement contraignants parce quâils sont le fait de la volontĂ© des individus. Le fait quâon sây soit volontairement engagĂ© ferait en sorte quâils deviennent prioritaires par rapport aux devoirs moraux gĂ©nĂ©raux 4. Or Goodin observe que la thĂšse volontariste ne sâapplique pas Ă tous les devoirs particuliers que nous nous reconnaissons habituellement. Par exemple, ce nâest pas parce que nous nous y sommes engagĂ©s que nous avons des obligations envers nos enfants, mais parce quâils sont dĂ©pendants de nous et totalement vulnĂ©rables Ă notre Ă©gard17. Câest donc la dĂ©pendance et la vulnĂ©rabilitĂ© plutĂŽt que les actes volontaires de la volontĂ© qui fondent nos devoirs moraux les plus fondamentaux », ainsi que le fait dâĂȘtre en position de faire quelque chose18. Cela est vrai pour nos obligations envers nos enfants, mais cela est vrai aussi, estime Goodin, pour toutes les obligations particuliĂšres. Ces obligations morales dĂ©coulent de la vulnĂ©rabilitĂ© de personnes Ă lâĂ©gard de nos actions et de nos choix. 19 R. E. Flathman, Political Obligation Studies in Political Theory, New York, Atheneum, 1972, p. 2 ... 20 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 18Goodin reprend ici lâexemple donnĂ© par Flathman Si A, sĂ©rieusement blessĂ©, ordonne Ă B un parfait inconnu mais la seule personne prĂ©sente dâappeler une ambulance pour lui, ni la lĂ©gitimitĂ© de la requĂȘte de A, ni lâobligation dâobĂ©ir de B ne dĂ©pendent du consentement de B19. » La lĂ©gitimitĂ© de la requĂȘte de A et lâobligation de B dây rĂ©pondre dĂ©coulent du fait que B est la seule personne en position dâaider » et que A est totalement dĂ©pendant de B. Dans de telles conditions, B a des responsabilitĂ©s particuliĂšres auxquelles il nâa pas consenti et qui ne sont pas endossĂ©es dans tous les sens du terme20 ». 21 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 19Pour Goodin, câest lĂ le facteur crucial ce qui compte sur le plan de lâobligation, câest la vulnĂ©rabilitĂ©. Câest le besoin dans lequel se trouve une personne et le fait dâĂȘtre en position dâaider qui impose Ă quelquâun en particulier un tel devoir21. La thĂšse de Goodin est la suivante 22 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 35-36. Il existe bien des obligations particuliĂšres qui dĂ©coulent de nos engagements volontaires. Mais ce qui fait que ces obligations sont moralement contraignantes, Ă mon avis, ce sont les vulnĂ©rabilitĂ©s que ces engagements engendrent ; et ces vulnĂ©rabilitĂ©s ne sont quâune forme parmi dâautres de vulnĂ©rabilitĂ© Ă laquelle nous devons rĂ©pondre moralement. Par consĂ©quent, le modĂšle de la vulnĂ©rabilitĂ© est un modĂšle plus gĂ©nĂ©ral, capable de subsumer et de transcender le modĂšle des obligations volontairement attribuĂ©es22. 23 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 24 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 20Pour mieux illustrer sa thĂšse, Goodin prend lâexemple de la promesse. Celle-ci est bien le fait dâun acte de la volontĂ©. Toutefois, ce nâest pas parce quâelle est volontaire quâelle est contraignante, mais parce quâelle gĂ©nĂšre des attentes de la part dâautrui, des attentes qui rendent autrui dĂ©pendant par rapport Ă celui qui a promis. Sur le plan moral, insiste Goodin, la promesse nâimporte que parce que quelquâun dĂ©pend de ce que lâon sâest engagĂ© Ă faire. La personne Ă qui elle est faite engage un plan de vie Ă partir de cette promesse. Ainsi, ce qui est caractĂ©ristique dans la promesse, ce nâest pas quâelle soit un acte volontaire, mais plutĂŽt quâelle engendre des attentes qui configurent des Ă©lĂ©ments essentiels dans les plans que forment les autres23. Si la promesse entraĂźne des obligations particuliĂšres, câest seulement parce que les autres comptent sur vous pour que vous vous en acquittiez. Câest leur vulnĂ©rabilitĂ©, beaucoup plus que nâimporte quel acte de volontĂ©, qui explique la force morale de lâobligation de la promesse24. » 21Goodin analyse aussi dâautres formes dâobligations particuliĂšres telles que les obligations engagĂ©es par les contrats, celles qui concernent les relations dâaffaire, les obligations liĂ©es Ă lâĂ©thique professionnelle, et les obligations envers la famille, les amis, les bienfaiteurs, pour montrer que son modĂšle fondĂ© sur la vulnĂ©rabilitĂ© justifie mieux les devoirs particuliers que le modĂšle volontariste. Dans tous ces types de situations, il Ă©tablit que lâobligation morale ne rĂ©side pas dans lâagent, mais provient de la vulnĂ©rabilitĂ©. Il en ressort que nous avons des responsabilitĂ©s fortes Ă lâĂ©gard dâun large Ă©ventail de personnes individuellement ou collectivement et non seulement Ă lâĂ©gard de celles envers qui nous nous engageons volontairement. Et que nous avons de telles responsabilitĂ©s envers toutes les personnes qui sont vulnĂ©rables Ă lâĂ©gard de nos actions et de nos choix. Ce mĂȘme critĂšre fournira lâancrage dâune responsabilitĂ© personnelle, internationale, intergĂ©nĂ©rationnelle et environnementale beaucoup plus large. II. Le principe de protection des personnes vulnĂ©rables 22Je lâai Ă©voquĂ© plus haut, Goodin nâapporte pas une rĂ©ponse trĂšs Ă©tayĂ©e Ă la question quâest-ce que la vulnĂ©rabilitĂ© ? ». Il se contente dâune dĂ©finition gĂ©nĂ©rale quâil emprunte Ă lâOxford Dictionary 25 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 110. Quelque chose est vulnĂ©rable sâil peut ĂȘtre blessĂ© wounded, soit littĂ©ralement, soit au figurĂ© ; sâil est susceptible de blessure, nâest pas Ă lâĂ©preuve des armes, de la critique, etc. [âŠ] Sur le plan conceptuel, la vulnĂ©rabilitĂ© est essentiellement le fait dâĂȘtre menacĂ© par un tort25 ⊠26 Sur cette question, voir le chapitre 4 de Goodin, Protecting the Vulnerable. 27 Pour en faire la liste, Goodin se rĂ©fĂšre librement et surtout Ă titre dâexemple Ă celle quâen donn ... 28 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 23Il suffit pour Goodin de dĂ©finir la vulnĂ©rabilitĂ© comme la possibilitĂ© dâĂȘtre blessĂ©, de subir un tort, ou quâun prĂ©judice soit causĂ© Ă nos intĂ©rĂȘts. Un tort est dĂ©fini comme une atteinte au bien-ĂȘtre ou aux intĂ©rĂȘts moralement pertinents. Ceux-ci ne se restreignent pas aux intĂ©rĂȘts matĂ©riels ou physiques, mais aussi aux sentiments, donc au bien-ĂȘtre psychologique26. Les intĂ©rĂȘts moralement pertinents concernent les biens premiers27 ou les moyens nĂ©cessaires pour toute fin quâune personne est en droit de choisir de poursuivre28 ». Lâanalyse conceptuelle peut sâarrĂȘter ici, Goodin dispose dâun concept suffisamment opĂ©ratoire, selon lui, pour dĂ©signer les situations auxquelles sâappliquent les devoirs moraux engendrĂ©s par la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. Il reste Ă voir comment sâopĂ©rationnalise ce devoir, cette obligation de prĂ©venir ou dâempĂȘcher les torts, ou encore de venir au secours des personnes vulnĂ©rables ; cette responsabilitĂ© de protĂ©ger les personnes vulnĂ©rables. Câest ce en quoi consiste lâexposĂ© du Principe de protection des personnes vulnĂ©rables PPV. 24Ce principe gĂ©nĂ©ral se dĂ©cline en trois niveaux de responsabilitĂ© un principe de responsabilitĂ© individuelle qui fait obligation aux individus dâagir de maniĂšre Ă protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des personnes sur lesquels ils ont un pouvoir dâagir ; un principe de responsabilitĂ© collective qui fait obligation Ă la collectivitĂ© de sâorganiser et de mettre en place un plan dâactions coordonnĂ©es pour protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des personnes vulnĂ©rables sur lesquels la collectivitĂ© a un pouvoir dâagir ; un deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle qui fait obligation aux personnes qui appartiennent Ă la collectivitĂ© visĂ©e par le principe de responsabilitĂ© collective, de sâassurer que la collectivitĂ© sâacquitte de sa responsabilitĂ© collective Ă lâĂ©gard des personnes vulnĂ©rables. Il fait aussi obligation aux personnes qui appartiennent Ă la collectivitĂ© de sâacquitter des responsabilitĂ©s qui leur sont individuellement dĂ©volues dans le cadre du plan dâactions coordonnĂ©es auquel donne lieu le principe de responsabilitĂ© collective. 25Le PPV explicite la rĂ©partition de la responsabilitĂ© dans le cas de la responsabilitĂ© collective en fonction des ressources de chacun, son degrĂ© de responsabilitĂ©, et tient compte de la hiĂ©rarchisation des responsabilitĂ©s en conflit. Autrement dit, le principe prescrit Ă qui appartient la responsabilitĂ©. 26Voyons plus en dĂ©tail ces principes. Le premier principe de responsabilitĂ© individuelle sâĂ©nonce comme suit 29 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 118. Si les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables en regard des actions et des choix de B, B a la responsabilitĂ© le devoir particulier de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A ; le degrĂ© de cette responsabilitĂ© dĂ©pend du degrĂ© avec lequel B peut affecter les intĂ©rĂȘts de A29. 27Ce premier principe, formel, qui dĂ©coule simplement de lâargumentation prĂ©cĂ©dente, nâest toutefois pas suffisant pour assurer la protection des personnes vulnĂ©rables. Dans la plupart des cas, les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables en regard des actions de plusieurs B et lâaction dâun seul B ne change rien Ă la situation de vulnĂ©rabilitĂ©. La responsabilitĂ© devient alors collective ; elle devient celle de tous les B. 28La responsabilitĂ© collective peut ĂȘtre disjonctive ou conjonctive. Elle est dite disjonctive sâil suffit quâune seule personne intervienne pour aider A. Les autres B sont alors dĂ©chargĂ©s de leur responsabilitĂ© dâagir. Par exemple, si A est en train de se noyer, dĂšs quâun B intervient, les autres B nâont plus Ă le faire. Quel B est alors responsable ? Dans tous les cas de responsabilitĂ© disjonctive, rĂ©pond Goodin, chacun est entiĂšrement responsable pour la totalitĂ© du tort. Mais câest la personne la plus apte Ă aider qui possĂšde la responsabilitĂ© premiĂšre le meilleur nageur, la personne la plus procheâŠ. Cependant, tous ceux qui sont capables dâaider possĂšdent une responsabilitĂ© rĂ©siduelle au cas oĂč le premier responsable ne pourrait pas aider. Ils possĂšdent aussi une responsabilitĂ© continue de sâassurer que leur assistance nâest pas requise. La limite de la responsabilitĂ© est toujours le besoin de la personne vulnĂ©rable et la capacitĂ© de la personne responsable dâagir efficacement. 29La responsabilitĂ© collective est conjonctive lorsque A est vulnĂ©rable Ă lâĂ©gard de plusieurs B pris collectivement. Câest le cas lorsque lâaide requise ne peut pas venir dâune seule personne, mais requiert lâintervention de tout un groupe de personnes. Par exemple, le sauvetage dâune embarcation de rĂ©fugiĂ©s en mer MĂ©diterranĂ©e requiert lâaide coordonnĂ©e de tous les marins du bateau de sauvetage. 30 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 30Dans tous les cas de responsabilitĂ© collective, que la responsabilitĂ© soit disjonctive ou conjonctive, la responsabilitĂ© requiert de coordonner les efforts de plusieurs individus30 ». DâoĂč ce principe de responsabilitĂ© collective 31 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. Si les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables par rapport aux actions et aux choix dâun groupe dâindividus, que ce soit de maniĂšre disjonctive ou conjonctive, alors ce groupe a la responsabilitĂ© particuliĂšre a de sâorganiser formellement ou informellement et b de mettre en place un plan pour coordonner les actions des membres du groupe de maniĂšre Ă ce que les intĂ©rĂȘts de A soient protĂ©gĂ©s aussi bien quâils peuvent lâĂȘtre par le groupe, en tenant compte des autres responsabilitĂ©s du groupe31. 31Goodin prĂ©cise que le degrĂ© de responsabilitĂ© dĂ©pend du degrĂ© de vulnĂ©rabilitĂ© de A. Il ajoute aussi que la responsabilitĂ© du groupe Ă lâĂ©gard de A peut ĂȘtre surpassĂ©e par des responsabilitĂ©s plus grandes Ă lâĂ©gard dâautres personnes vulnĂ©rables. 32 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 137. 32Le principe de responsabilitĂ© collective comprend lâobligation de sâorganiser et de se coordonner de maniĂšre Ă ce que lâaide ne soit pas confuse et chaotique »32. Pour sâen assurer, Goodin Ă©nonce un troisiĂšme principe quâil dĂ©signe comme deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle Si B est membre dâun groupe qui est responsable, en vertu du Principe de responsabilitĂ© collective, de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A, alors B a la responsabilitĂ© 33a de veiller Ă ce que, autant quâil le peut, le groupe organise un plan dâaction collectif Ă mĂȘme de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A aussi bien quâil le peut, en tenant compte des autres responsabilitĂ©s du groupe ; 33 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 139. 34b de sâacquitter complĂštement et efficacement des responsabilitĂ©s qui lui reviennent en vertu dâun tel plan, autant que cela est compatible avec ses autres responsabilitĂ©s morales et dans la mesure oĂč ce plan protĂšge les intĂ©rĂȘts de A mieux que sâil nây avait aucun plan33. 35Ici encore, ce principe est modulĂ© par les considĂ©rations suivantes. Le degrĂ© de responsabilitĂ© dĂ©pend de lâimpact que les actions et les choix de B peuvent avoir sur les intĂ©rĂȘts de A, directement clause b ou indirectement son influence sur le groupe pour quâil organise un plan collectif pour protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A relativement Ă la clause a. Ensuite, les ressources que B doit consacrer Ă chacune de ces tĂąches dĂ©pendent de son efficacitĂ© Ă poursuivre chacune dâelles et du poids de ces responsabilitĂ©s en regard dâautres responsabilitĂ©s conflictuelles que B pourrait avoir Ă lâĂ©gard dâautres personnes. Enfin, B ne devrait pas prendre pour acquis quâun plan dâaction collectif et coordonnĂ© fonctionnera toujours parfaitement. Chaque B pris individuellement possĂšde une responsabilitĂ© rĂ©siduelle de surveiller le fonctionnement du plan pour sâassurer que les personnes vulnĂ©rables sont protĂ©gĂ©es, de faire pression pour quâon y apporte des ajustements, quâon le rĂ©organise ou quâon le remplace sâil ne fonctionne pas. III. PrĂ©venir les relations dâexploitation 34 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 36Le PPV est une injonction de prĂ©venir les torts qui sâadresse dâabord aux personnes individuelles dans la mesure de leurs moyens et en fonction de leur situation par rapport aux personnes vulnĂ©rables. Mais si on veut bien en saisir la portĂ©e, il faut surtout le penser comme destinĂ© Ă lâĂtat, au politique, en tant quâinstance exĂ©cutrice de la responsabilitĂ© de la collectivitĂ© des individus responsables. Le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle est clair quant au fait que les personnes individuelles ont la responsabilitĂ© sociale et politique de faire pression sur les dĂ©cideurs pour que soient adoptĂ©es des politiques qui prennent en charge la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. Le PPV est donc un principe de responsabilitĂ© sociale de lâĂtat tournĂ© vers lâassistance Ă ceux qui sont dans le besoin34. 35 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 190. 36 E. C. Gilson, The Ethics of Vulnerability. A Feminist Analysis of Social Life and Practice Studie ... 37Pour Goodin dâailleurs, il importe peu que les vulnĂ©rabilitĂ©s soient naturelles ou sociales puisque les premiĂšres sont de toutes façons toujours mĂ©diĂ©es par nos arrangements sociaux et institutionnels35. Pour cette raison, lâorigine, la source ou la cause de la vulnĂ©rabilitĂ© ne sont pas des critĂšres moralement pertinents. Ce qui est moralement pertinent câest la possibilitĂ© que le tort soit prĂ©venu ou corrigĂ© et quâun agent moral soit en mesure de le faire. Si cette possibilitĂ© existe, elle vient avec la responsabilitĂ© de chercher Ă rĂ©duire autant que possible la vulnĂ©rabilitĂ© en modifiant les arrangements sociaux qui y contribuent36 ». 37 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 192. 38Ici, ce Ă quoi sâattaque plus prĂ©cisĂ©ment Goodin en appelant Ă une nouvelle analyse de nos responsabilitĂ©s sociales sous-titre de son livre, câest la vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par les relations dâexploitation. Il est certainement impossible et probablement non souhaitable dâĂ©liminer toutes les formes de vulnĂ©rabilitĂ©. Les ĂȘtres humains, en raison de leur nature sociale, sont dĂ©pendants Ă©conomiquement, biologiquement, politiquement, etc. les uns des autres et câest cette nĂ©cessaire interdĂ©pendance qui engendre la vulnĂ©rabilitĂ©. Toutes les formes de dĂ©pendances ne sont pas forcĂ©ment indĂ©sirables et il nâest pas certain que lâon doive chercher Ă rĂ©duire toutes les vulnĂ©rabilitĂ©s. Ce qui doit ĂȘtre modifiĂ©, ce sont les conditions qui favorisent lâexploitation37. Cette vulnĂ©rabilitĂ© est injuste et doit ĂȘtre Ă©vitĂ©e. Aussi, la premiĂšre responsabilitĂ©, et le sens du PPV, est de prĂ©venir ces relations dâexploitation. 38 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 195-196 ; Gilson, The Ethics of Vulnerability, p. 27. 39Les relations dâexploitation sont celles dans lesquelles il y a une asymĂ©trie de pouvoir entre deux parties la partie vulnĂ©rable a besoin de ce qui est fourni par la partie dominante ; la partie vulnĂ©rable nâa accĂšs Ă ce dont elle a besoin quâĂ travers une relation avec la partie dominante ; et la partie dominante contrĂŽle ces ressources et peut les retenir38. Face Ă ce type de relation, lâĂtat â lâĂtat providence le Welfare State â est le plus responsable en vertu des trois formulations du PPV. LâĂtat a la responsabilitĂ© dâexercer un rĂŽle prĂ©ventif et correctif en fournissant les ressources lui-mĂȘme ou en y assurant lâaccĂšs afin dâempĂȘcher que des personnes se trouvent dans de telles relations dâexploitation. La gestion de la distribution de ces ressources par lâĂtat fait en sorte que ceux dont câest la fonction de distribuer ces ressources fonctionnaires, commis de lâĂtat ne soient pas en charge de dĂ©cider qui doit les recevoir â contrairement Ă ce qui est souvent le cas dans la fonction publique de certains Ătats. IV. LâintĂ©rĂȘt de la contribution de Goodin 39 M. U. Walker, Moral Understandings A Feminist Study in Ethics, New York, Routledge, 1998. 40Ce qui distingue fondamentalement le PPV des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ©, câest son recours Ă une thĂ©orie des devoirs pour fonder la responsabilitĂ© envers les personnes vulnĂ©rables, alors que les Ă©thiciennes de la vulnĂ©rabilitĂ© considĂšrent quâil faut plutĂŽt procĂ©der Ă une critique et Ă une dĂ©construction des structures sociales de classe et de genre qui transforment certaines situations en situations de vulnĂ©rabilitĂ© pathogĂšne. Par exemple, Margaret Urban Walker39 estime que lâattribution des responsabilitĂ©s en fonction dâun critĂšre comme celui de Goodin â ĂȘtre celui qui est en position de porter assistance Ă une personne vulnĂ©rable â repose sur des comprĂ©hensions et des reprĂ©sentations contingentes et non questionnĂ©es par exemple, le fait que la responsabilitĂ© de prendre soin dâun enfant soit presque toujours assignĂ©e dâabord Ă la mĂšre puisquâelle est la plus en situation de le faire. Walker considĂšre que beaucoup de ces assignations de responsabilitĂ© se rĂ©vĂšlent inefficaces, car elles ne permettent pas de rĂ©pondre correctement aux besoins des personnes dĂ©pendantes, et crĂ©ent une vulnĂ©rabilitĂ© supplĂ©mentaire â celle des mĂšres ou autres aidantes, par exemple. Elle critique le lien unidirectionnel que fait Goodin entre vulnĂ©rabilitĂ© et responsabilitĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© entraĂźnant la responsabilitĂ©, sans voir quâen retour lâattribution des responsabilitĂ©s peut engendrer une vulnĂ©rabilitĂ© accrue, soit des aidants, soit des personnes vulnĂ©rables. 40 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability ». 41 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », p. 184. 41Susan Dodds, pour sa part, reproche Ă Goodin de ne pas faire de distinction entre vulnĂ©rabilitĂ© et dĂ©pendance40. Pour Dodds, la dĂ©pendance est un type de vulnĂ©rabilitĂ©, mais toutes les vulnĂ©rabilitĂ©s ne sont pas des dĂ©pendances. La distinction est importante Ă faire car la vulnĂ©rabilitĂ©-dĂ©pendance requiert une rĂ©ponse Ă©thique diffĂ©rente de la vulnĂ©rabilitĂ©-non-dĂ©pendance. La rĂ©ponse Ă la premiĂšre relĂšve du care, une rĂ©ponse personnalisĂ©e et singularisĂ©e qui passe par des soins proches et personnels ; la seconde requiert des mesures gĂ©nĂ©rales de prĂ©vention, de correction ou dâattĂ©nuation ou encore des pratiques institutionnelles qui rĂ©pondent aux besoins des personnes et promeuvent leur autonomie41. 42Ces critiques ne sont pas les seules, mais elles reviennent frĂ©quemment. Elles ne diminuent pas, toutefois, lâimportance quâil faut accorder Ă la rĂ©flexion de Goodin et qui repose, selon moi, sur trois raisons. La premiĂšre, câest que le PPV et la valeur de responsabilitĂ© constituent des Ă©lĂ©ments Ă©thico-moraux utiles pour lâĂ©thique appliquĂ©e â laquelle sâintĂ©resse aux dĂ©cisions pratiques concrĂštes et singuliĂšres. Le PPV et la valeur de responsabilitĂ© peuvent ĂȘtre convoquĂ©s dans la dĂ©libĂ©ration Ă©thique sur la base des valeurs, et motiver une dĂ©cision pratique ; ce qui ne peut pas ĂȘtre le cas pour la vulnĂ©rabilitĂ© puisquâelle nâest pas une finalitĂ© Ă rechercher. La vulnĂ©rabilitĂ© ne peut ĂȘtre prise en compte, dans la dĂ©libĂ©ration Ă©thique, que si on considĂšre quâelle donne lieu Ă une valeur, Ă une obligation ou Ă un principe sur lesquels on peut dĂ©libĂ©rer. Câest cette traduction de la vulnĂ©rabilitĂ© en un Ă©lĂ©ment Ă©thico-moral quâeffectue Goodin. 43La deuxiĂšme raison est que le principe de responsabilitĂ© collective 2e principe et le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle 3e principe structurent une responsabilitĂ© collective qui nâannule pas la responsabilitĂ© individuelle. Dâabord, il est vrai que la responsabilitĂ© collective sâadresse au corps social et politique qui doit sâassurer que des moyens soient pris pour protĂ©ger les plus vulnĂ©rables sans tomber dans le paternalisme et ainsi prĂȘter le flanc Ă une autre critique. Cette responsabilitĂ© collective a lâavantage dâĂ©viter de restreindre la prise en compte de la vulnĂ©rabilitĂ© aux relations interpersonnelles pour plutĂŽt la traduire en obligations politiques qui dĂ©chargent les personnes individuelles par exemple les proches aidants de responsabilitĂ©s trop lourdes susceptibles dâengendrer Ă leur tour de nouvelles vulnĂ©rabilitĂ©s dites pathogĂšnes. Mais la responsabilitĂ© collective concerne quand mĂȘme les individus deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle elle appelle le citoyen Ă demeurer alerte et vigilant en sâassurant que les niveaux politique, administratif, juridique mettent en place les moyens dâassurer cette responsabilitĂ© collective. Lâindividu ne peut pas se dĂ©responsabiliser en disant que ce sont les autoritĂ©s qui ne remplissent pas leurs obligations. 42 B. LatanĂ© â J. Darley, The Unresponsive Bystander. Why Doesnât He Help? The Century Psychology Se ... 43 LatanĂ© â Darley, The Unresponsive Bystander, p. 91, citĂ© par M. Terestchenko, Un si fragile vernis ... 44 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 135. 45 Il sâagit dâune recommandation que lâon trouve dans L. BĂ©gin â D. Rondeau â N. Marchand, Lâeffondr ... 44Enfin, ce deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle est important au regard des travaux en psychosociologie expĂ©rimentale portant sur lâĂ©rosion ou la dilution de la responsabilitĂ©. Les chercheurs Bibb LatanĂ© et John Darley42 ont montrĂ© que lorsque plusieurs personnes sont en situation de porter assistance Ă une personne en danger, une majoritĂ© dâentre elles vont considĂ©rer quâelles nâont pas Ă intervenir puisque dâautres personnes sont lĂ et vont le faire. Chaque individu rationalise sa propre inaction en se convainquant lui-mĂȘme que âquelquâun dâautre doit ĂȘtre en train de faire quelque choseâ43 ». Ainsi, personne nâintervient. Le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle vient rappeler que le degrĂ© de responsabilitĂ© de chacun ne varie pas en fonction du nombre de personnes prĂ©sentes. Comme lâĂ©crit Goodin, la division de la responsabilitĂ© au prorata des personnes responsables est sans fondement sur le plan moral44. Bien sĂ»r, ce seul principe ne peut pas changer la psychologie humaine. Mais ce que lâon peut retenir des travaux de LatanĂ© et Darley, câest lâimportance de renforcer le sentiment de responsabilitĂ© individuelle, par exemple dans le cadre dâune Ă©ducation Ă lâĂ©thique et dâintĂ©grer, dans les formations en Ă©thique, la dimension psychosociologique de lâagir humain45. â 46 M. Revault dâAllonnes, Ce que l'Homme fait Ă l'Homme. Essai sur le mal politique Couleur des idĂ©e ... 45La vulnĂ©rabilitĂ© est inhĂ©rente Ă la vie humaine. Peut-ĂȘtre mĂȘme est-elle indispensable Ă une vie authentiquement humaine. Elle est certainement, en tout cas, la source des Ă©motions, de lâempathie, de la sensibilitĂ© morale et de la conscience morale. Elle est probablement aussi la raison pour laquelle nous accordons une si grande valeur Ă la vie et nous efforçons de la conserver en nous, et â de plus en plus â dans le vivant en gĂ©nĂ©ral. La vulnĂ©rabilitĂ©, câest en quelque sorte la conscience dâĂȘtre en Ă©quilibre au-dessus du vide. Mais câest aussi cette vulnĂ©rabilitĂ© qui fait des ĂȘtres vivants des ĂȘtres souffrants. En ce sens, la souffrance constitue une dimension de la condition humaine. Il y a toutefois des souffrances inutiles, injustes, qui sont le fait dâĂȘtres humains et qui nâont pas de nĂ©cessitĂ© dâĂȘtre. Câest sur cette souffrance, sur les injustices quâelle crĂ©e ou qui en sont la cause, que sâefforcent de rĂ©flĂ©chir les Ă©thiques de vulnĂ©rabilitĂ©. Ou, pour reprendre lâexpression forte de Myriam Revault dâAllonnes, sur le mal que lâhomme fait Ă lâhomme46 » sous toutes ses formes. Câest aussi Ă cette souffrance, en tant quâelle est la consĂ©quence de relations sociales dâexploitation, que sâattaque Goodin en rappelant les responsabilitĂ©s sociales qui sont les nĂŽtres Ă lâĂ©gard des personnes les plus vulnĂ©rables. 46La thĂšse de Goodin nâest sans doute pas sans failles et les critiques dont il fait lâobjet doivent ĂȘtre vues comme un appel Ă poursuivre la rĂ©flexion afin de rapprocher les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© et du care des approches consĂ©quentialistes comme celle de Goodin. Toutefois, un des problĂšmes les plus difficiles de la philosophie morale est celui du fondement de lâobligation. Ă notre Ă©poque, ce fondement se doit dâĂȘtre autorĂ©gulatoire, sans quoi lâobligation ne sâaccompagne pas de la motivation nĂ©cessaire Ă lâactualisation du contenu de lâobligation. Et ce fondement ne peut ĂȘtre autorĂ©gulatoire que si lâobligation est reconnue dans sa lĂ©gitimitĂ©, que si elle est reconnue comme un devoir avec toute sa nĂ©cessitĂ©, comme ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre. Ce fondement doit donc parler Ă la raison. Câest le point fort de lâouvrage de Goodin de sâattaquer avec succĂšs Ă ce problĂšme. Câest aussi la principale difficultĂ© que rencontrent les approches qui sâappuient sur le souci dâautrui, la bienveillance, le sentiment que provoque en nous la vulnĂ©rabilitĂ© dâautrui. Partiaux et contingents, les sentiments ne peuvent pas constituer un fondement, ni dĂ©terminer lâagir moral juste, surtout si celui-ci doit ĂȘtre collectif, politique. Mais ils peuvent mettre sur la piste des besoins et contribuer Ă la rĂ©flexion sur ce que sont les intĂ©rĂȘts moralement pertinents. Câest pourquoi ces deux approches doivent ĂȘtre pensĂ©es en complĂ©mentaritĂ© plutĂŽt quâen opposition. Haut de page Notes 1 Câest notamment ce que fait valoir BrenĂ© Brown dans Le Pouvoir de la vulnĂ©rabilitĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© est une force qui peut transformer votre vie, Paris, TrĂ©daniel, 2014. 2 C. Mackenzie â W. Rogers â S. Dodds, Introduction What is Vulnerability, and Why Does it Matter for Moral Theory? », dans Eaedem Ă©d., Vulnerability. New Essays in Ethics and Feminist Philosophy Studies in Feminist Philosophy, New York, Oxford University Press, 2013, p. 1-29. 3 Mackenzie â Rogers â Dodds, Introduction », p. 7. 4 Mackenzie â Rogers â Dodds, Introduction », p. 7. 5 Je classe Hans Jonas Ă part. Il se soucie de la vulnĂ©rabilitĂ© accrue qui vient de lâaccroissement du pouvoir humain du fait du dĂ©veloppement technoscientifique, ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle. Ă la diffĂ©rence toutefois des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© qui portent sur la vulnĂ©rabilitĂ© des individus et des groupes sociaux, Jonas se prĂ©occupe de lâhumanitĂ©, de lâenvironnement et de lâĂȘtre dans sa totalitĂ©. 6 H. Thomas, Les vulnĂ©rables. La dĂ©mocratie contre les pauvres Terra, Bellecombe-en-Bauges Savoie, Ăditions du Croquant, 2010. 7 L. Burgorgue Larsen, La vulnĂ©rabilitĂ© saisie par les juges en Europe Cahiers europĂ©ens 7, Paris, Pedone, 2014. 8 R. E. Goodin, Protecting the Vulnerable. A Reanalysis of our Social Responsibilities, Chicago, University Press, 1985. 9 Lâexpression vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique » dĂ©signe les formes ou les situations de vulnĂ©rabilitĂ© qui constituent un problĂšme du point de vue de la thĂ©orie morale ou de lâĂ©thique parce quâelles mettent en jeu des valeurs ou des normes ainsi que nos obligations Ă lâĂ©gard dâautrui. Certains types de vulnĂ©rabilitĂ© affectent la capacitĂ© de vivre de façon autonome et les bases du respect de soi, alors que dâautres formes de vulnĂ©rabilitĂ© peuvent au contraire favoriser lâautonomie individuelle et l'estime de soi. Par exemple, Christine Straehle propose une distinction entre trois types de vulnĂ©rabilitĂ© auto-nĂ©gatrice, circonstancielle et auto-constitutive. Seules les deux premiĂšres seraient moralement problĂ©matiques. La vulnĂ©rabilitĂ© auto-constitutive dans les relations amoureuses, par exemple nous permet de rĂ©aliser une conception de nous-mĂȘmes que nous entĂ©rinons et avec laquelle nous nous prĂ©sentons au monde. Voir C. Straehle, Vulnerability, Autonomy and Self-Respect », dans Eadem Ă©d., Vulnerability, Autonomy and Applied Ethics Research in Applied Ethics 1, New York, Routledge, 2017, p. 33-48. Robert Goodin estime lui aussi que les relations amoureuses instaurent une vulnĂ©rabilitĂ© dĂ©sirable Protecting the Vulnerable, p. 193. 10 Les Ă©thiques du care et certaines Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© insistent sur la proximitĂ© et la nature relationnelle de la vulnĂ©rabilitĂ© pour dĂ©finir les obligations des uns envers les autres. 11 Voir n. ci-dessus. 12 Plusieurs des critiques faites Ă Goodin par les thĂ©oriciennes fĂ©ministes porteront dâailleurs sur sa dĂ©finition trop gĂ©nĂ©rale de la vulnĂ©rabilitĂ© et lâabsence de distinction entre dĂ©pendance et vulnĂ©rabilitĂ©, deux termes quâutiliserait indistinctement Goodin. Voir S. Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », dans Mackenzie â Rogers â Dodds Ă©d., Vulnerability, p. 181-203. 13 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 22. 14 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 20. 15 Cette intuition morale a Ă©tĂ© maintes fois confirmĂ©e en philosophie morale expĂ©rimentale en soumettant des participants Ă des dilemmes fictifs comme celui du tramway fou. 16 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 26-27. 17 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 33. 18 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 19 R. E. Flathman, Political Obligation Studies in Political Theory, New York, Atheneum, 1972, p. 214, citĂ© par Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 20 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 21 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 22 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 35-36. 23 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 24 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 25 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 110. 26 Sur cette question, voir le chapitre 4 de Goodin, Protecting the Vulnerable. 27 Pour en faire la liste, Goodin se rĂ©fĂšre librement et surtout Ă titre dâexemple Ă celle quâen donne John Rawls dans A Theory of Justice. 28 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 29 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 118. 30 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 31 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 32 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 137. 33 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 139. 34 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 35 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 190. 36 E. C. Gilson, The Ethics of Vulnerability. A Feminist Analysis of Social Life and Practice Studies in Ethics and Moral Theory 26, New York, Routledge, 2014, p. 28. 37 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 192. 38 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 195-196 ; Gilson, The Ethics of Vulnerability, p. 27. 39 M. U. Walker, Moral Understandings A Feminist Study in Ethics, New York, Routledge, 1998. 40 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability ». 41 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », p. 184. 42 B. LatanĂ© â J. Darley, The Unresponsive Bystander. Why Doesnât He Help? The Century Psychology Series, New Jersey, Prentice Hall, 1970. 43 LatanĂ© â Darley, The Unresponsive Bystander, p. 91, citĂ© par M. Terestchenko, Un si fragile vernis dâhumanitĂ©. BanalitĂ© du mal, banalitĂ© du bien Poche 263, Paris, La DĂ©couverte, 2007, p. 175. 44 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 135. 45 Il sâagit dâune recommandation que lâon trouve dans L. BĂ©gin â D. Rondeau â N. Marchand, Lâeffondrement du viaduc de la Concorde diagnostic Ă©thique prĂ©liminaire, QuĂ©bec, Institut dâĂ©thique appliquĂ©e, 2009 disponible sur 46 M. Revault dâAllonnes, Ce que l'Homme fait Ă l'Homme. Essai sur le mal politique Couleur des idĂ©es, Paris, Seuil, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Dany Rondeau, La vulnĂ©rabilitĂ© engendre-t-elle une obligation morale ? », Revue des sciences religieuses, 93/1-2 2019, 17-36. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Dany Rondeau, La vulnĂ©rabilitĂ© engendre-t-elle une obligation morale ? », Revue des sciences religieuses [En ligne], 93/1-2 2019, mis en ligne le 06 juin 2019, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page
Cest justement pour cette raison que nous avons choisi aujourd'hui de vous rappeler un Hadith en rapport avec les rĂšgles d'al mou'Ăącharah et qui rappelle trois devoirs trĂšs importants que nous avons envers autrui. Abdoullah Ibn 'Oumar (Radhia Allahou Anhou) rapporte que le Messager d'Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) gravit un jour son minbar et
La rĂ©daction, le 6/12/2006âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©dactionSi tu as ri.... c'est que le but de mon post a Ă©tĂ© atteint. Tu sais je suis une adepte de philo surtout allemande et quand je lis le type de sujet que l'on donne Ă ces jeunes cela me dĂ©sespĂšre. J'aimerai vraiment que la philosophie soit enseignĂ© dĂšs le plus jeune Ăąge pour plus tard les amener Ă de vĂ©ritables rĂ©flexions et pas seulement pendant un an.âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Je crois Bonjour Mme la RĂ©daction, Les devoirs, les obligations envers autrui nous galvanisent. Elles font partie de l'existance d'un etre humain. Mais je crois que nous avons des devoirs envers nous meme Ă©galement. Sinon, que faisons-nous de l'ambition, du surpassement de soi, pourrai-t-on encore se surprendre si nous ne les avions pas ? Pas sur du tout. C'est d'ailleurs, toute la problĂ©matique posĂ©e par la pratique du developpement personnelle et des thĂ©rapies dites parallĂšles la connaissance de soi pour aller plus loin, avec comme objectif suprĂšme trouver un Ă©quilibre pour rĂ©ussir sa vie. Tout un programme. A bientotâN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Bon... Je me lance!! Le devoir suppose un monde peuplĂ© par d'autres hommes et mĂȘme si je peux ĂȘtre sans autrui, je n'ai pas le choix de vivre sans lui. Autrui est pour moi, tout comme je suis pour lui, une dimension incontournable de notre condition. Mais dans la mesure oĂč j'ai le choix d'aimer ou non mon prochain ou de me servir de lui pour satisfaire mon intĂ©rĂȘt, le devoir envers autrui relĂšve d'une interrogation Ă©thique. Autrui, qui est originellement une nĂ©cessitĂ© pour moi, est bien une question Ă©thique ainsi que ma relation et mon devoir envers lui. Si devoir il doit y avoir, celui-ci suppose la reconnaissance d'autrui, de son originalitĂ©, de sa richesse. Euhhhhh..... je dois vraiment continuer?âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Que signifie devoirs ? S'agit-il de contraintes que l'on s'impose ou des normes Ă respecter vis Ă vis d'autrui ? Ces obligations personnelles sont-elles liĂ©es Ă une morale concernant ses propres actes ou propos par rapport Ă l'autre ? Ou un ensemble de rĂšgles Ă©dictĂ©es par la sociĂ©tĂ©, la vie collective de façon Ă agir selon un comportement attendu de la part de chacun ? Autrui n'est ce pas un peu soi-mĂȘme ? S'il s'agit d'attentions on pourra Ă©voquer le respect et l'affection, s'il s'agit de temps on pourra penser Ă la considĂ©ration tĂ©moignĂ©e... pour les aspects positifs. Et c'est aussi soi, Ă qui l'on doit... de ne pas s'ignorer, de s'Ă©couter, de s'entendre pour ĂȘtre rĂ©ceptif Ă l'autre. Tout comme les droits, les devoirs devraient ĂȘtre partagĂ©s dans leur application et leur concept par leurs auteurs et leurs "utilisateurs". Mais, peut-ĂȘtre suis-je hors sujet ? Bon... Je me lance!! Le devoir suppose un monde peuplĂ© par d'autres hommes et mĂȘme si je peux ĂȘtre sans autrui, je n'ai pas le choix de vivre sans lui. Autrui est pour moi, tout comme je suis pour lui, une dimension incontournable de notre condition. Mais dans la mesure oĂč j'ai le choix d'aimer ou non mon prochain ou de me servir de lui pour satisfaire mon intĂ©rĂȘt, le devoir envers autrui relĂšve d'une interrogation Ă©thique. Autrui, qui est originellement une nĂ©cessitĂ© pour moi, est bien une question Ă©thique ainsi que ma relation et mon devoir envers lui. Si devoir il doit y avoir, celui-ci suppose la reconnaissance d'autrui, de son originalitĂ©, de sa richesse. Euhhhhh..... je dois vraiment continuer? A developper, svp ! Moi, j'aurai aimĂ© en lire plus... Je suis encore en train d'essayer de faire des liens entre l'Ă©thique et reconnaissance d'autrui... Ca a le mĂ©rite d'etre une piste intĂ©ressante.... Mais , pour moi, je rĂ©ponds Ă votre derniere question je dois vraiment continuer... ? Devoir serait un bien grand mot, mais sachez que si vous en Ă©prouvez du plaisir, celui-ci sera partagĂ©... En formulant ainsi ma demande, suis-je en train de penser uniquement Ă moi, Ă vous ou au deux ?invite_44660, le 6/12/2006âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Si on en a pas que vers autrui... C'est qu'on en a envers qui ?...nous mĂȘmes ? - Ben c'Ă©tait dĂ©jĂ difficile avec les autres alors avec soi... Le soucis c'est qu'autant il existe des rĂšgles pour accomplir son devoir envers les autres...autant il n'y en a pas tellement pour l'accomplir envers nous mĂȘme...Sur quoi se baser, comment ne pas virer Ă l'Ă©goĂŻsme...ce serait dĂ©sprendre, voir les choses autrement... C'est quoi le devoir ? L'obligation ou plutĂŽt l'honneur de faire... Le respect... ...Le respect de soi comme le respect de l'autre, l'autre comme soi mĂȘme, le devoir de se dĂ©velopper de la maniĂšre la plus constructive, positive ... si chacun se construit bien pas besoin d'exercer de devoirs envers les autres qui soient trĂšs contraignants et obligeants puisque chacun sait s'occuper de lui de la façon la plus saine... Holala, que de vocabulaire Ă prĂ©ciser et de notions Ă dĂ©vellopper... C'est le message de la psychologie non ? ;-âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction le devoir n'existe pas Des devoirs... nous en avons sans doute auprĂšs des personnes dont nous nous sentons responsables. Alors dans ce cas oui. Cependant, il semble plus juste de dire que nous prenons la responsabilitĂ© d'agir parce que nous avons choisi. Le devoir n'existe pas pour moi. On choisit toujours et ensuite on assume, pour nous mĂȘme ou pour les autres. C'est un point de vue personnelâN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Et pourquoi pas envers soi-mĂȘme ? Un peu simpliste ! C'est une façon de rabĂącher le vieux discours $đense aux autres, donne aux autres, oublie-toi toi-mĂȘme, l'Ă©goĂŻsme et l'Ă©gocentrisme sont des pĂ©chĂ©s, et tu trouveras ton bonheur dans l'abnĂ©gation et le renoncement ! C'Ă©tait peut-ĂȘtre valable pour JĂ©sus et les ApĂŽtres quoique... mais pour les autres, je demande Ă voir, ou plutĂŽt, c'est tout vu. Et puis, nom de Zeus ! quel discours antique !âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction et celui-la? faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă la vĂ©ritĂ©? je trouve ce sujet qu'a eu mon frĂšre ce matin beaucoup plus pertinent et interressant.âN'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?â C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction devoirs et conscience12
Autrui une autre conscience différente de la notre. "Alter ego"= autre moi. "Autrui c'est un autre moi qui n'est pas moi" J-P SARTRE. Devoir: obligations que l'on se donne ou que l'on reçoit correspondant à des commandements (Devoirs sociaux et devoirs moraux) -> Le devoir moral émane des conventions sociales, des coutumes,des lois.
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DetrĂšs nombreux exemples de phrases traduites contenant "devoir envers autrui" â Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises.
N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Ce sujet, classique, est plus riche qu'il n'y paraĂźt. Ne vous contentez pas des deux notions Ă©videntes, de devoir et d'autrui. Partez de leur analyse, mais un traitement complet du sujet convoquera Ă©galement les notions de sujet, conscience, morale, voire religion, histoire, vĂ©ritĂ©, vivant, libertĂ©, politique. Plus largement, il fait appel Ă vos rĂ©flexions de citoyen, voire de citoyen du monde. Un devoir est ce que le sujet humain se sent obligĂ© de faire, ce sans la rĂ©alisation de quoi le sujet se considĂ©rerait comme en dessous de lui-mĂȘme. Le devoir est donc liĂ© Ă une rĂ©flexion du sujet sur lui-mĂȘme et son action, Ă sa volontĂ© rĂ©flĂ©chie par opposition au dĂ©sir qui serait une volontĂ© irrĂ©flĂ©chie, une tendance spontanĂ©e, une pulsion vers un objet. Autrui, c'est un alter ego, un autre moi-mĂȘme. Il est face Ă moi comme un objet, mais il se prĂ©sente comme semblable Ă moi. De plus, il est singulier, je peux l'aimer ou le haĂŻr, le dĂ©sirer, vouloir le possĂ©der. Il se distingue ainsi des autres en gĂ©nĂ©ral, de la sociĂ©tĂ©. II - LA PROBLEMATIQUE La problĂ©matique dĂ©coule de l'analyse. En effet, il semble Ă©vident que nous avons des devoirs envers autrui je peux le dĂ©sirer comme un objet quelconque, mais la rĂ©flexion me pousse Ă le considĂ©rer comme un autre moi-mĂȘme, comme un sujet libre et agissant, qui arrĂȘte mon dĂ©sir aveugle et m'ouvre les yeux sur le monde qui m'entoure. Mais le sujet suggĂšre que nous pourrions avoir des devoirs envers d'autres "choses". Mais lesquelles ? Des objets thĂ©oriques nous pensons aux autres en gĂ©nĂ©ral, Ă la sociĂ©tĂ©, Ă l'Etat, voire aux animaux. Mais sur quels critĂšres arrĂȘter notre dĂ©sir de possession si le regard d'autrui dans sa singularitĂ© ne nous arrĂȘte pas ? Des objets "pratiques", liĂ©s Ă notre rĂ©flexion sur notre action la libertĂ©, la vĂ©ritĂ© supposent qu'on sacrifie certains de nos dĂ©sirs pour ĂȘtre Ă la hauteur d'un idĂ©al. Mais cet idĂ©al n'est-il pas notre idĂ©al ? Si autrui se distingue de moi, n'ai-je pas aussi des devoirs envers moi mĂȘme ? III - LES PISTES DE REFLEXION Vous auriez pu penser Ă â Le sujet humain se caractĂ©rise par une rĂ©flexion sur lui-mĂȘme. Il est douĂ© d'une subjectivitĂ©. "Je me pense", je suis donc Ă la fois sujet et objet de ma pensĂ©e. Le je et le moi introduisent l'altĂ©ritĂ© au coeur du sujet, et donc une sĂ©rie de questionnements suis-je Ă la hauteur de ce que je veux ĂȘtre ? Le je rĂ©flĂ©chissant doit sacrifier certains dĂ©sirs du moi pour atteindre un idĂ©al du moi. Les notions d'effort, de travail sur soi introduisent la dimension de l'effort au coeur du rapport sur soi. â La notion de devoir est donc liĂ©e Ă un ordre idĂ©al que l'on essaye d'atteindre. Cela explique le respect de l'Etat, d'une religion, des institutions. Le sujet, Ă la rĂ©flexion, pense qu'il ne peut se rĂ©aliser qu'en respectant un ordre idĂ©al. Il faut ici bien distinguer devoir et contrainte. On est contraint par force, on se sent obligĂ© par un devoir. C'est une loi que l'on se fixe Ă soi-mĂȘme auto-nomie, cf. Kant. Avoir un devoir envers autrui signifie que l'on a conscience qu'une vie humaine, pour autrui et pour soi, n'est possible que parmi d'autres hommes, parmi des semblables. Par le devoir, nous ne sommes plus "Ă©gocentriques", nous accĂ©dons au sens d'un monde qui nous dĂ©passe et qui donne sens Ă notre existence. â Par la notion de devoir, notre action s'inscrit au-delĂ de notre existence finie. D'oĂč le respect du passĂ©, de l'histoire nous respectons ce dont nous provenons. Pourquoi respecter ce qui n'est plus ? Nous inscrivons notre action dans un temps large qui lui donne sens. De mĂȘme, respecter la nature, les animaux, est-ce en faire des personnes ? Est-ce les assimiler Ă autrui, rĂ©flĂ©chissant et singulier ? N'est-ce pas plutĂŽt penser aux gĂ©nĂ©rations humaines futures, donc inscrire notre action dans le temps ? Les devoirs rendus aux morts, le frein mis Ă notre dĂ©sir de possession de la nature procĂšdent donc du respect de soi. IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT A - Respecter autrui, c'est se respecter soi-meme Se sentir obligĂ© envers autrui, c'est prendre conscience que notre existence ne prend sens qu'au milieu de semblables. Nous ne sommes rien sans autrui. B - Les devoirs envers soi-meme se traduisent par des devoirs envers des institutions qui incarnent un ordre donnant sens a notre existence Les devoirs envers l'Etat, la sociĂ©tĂ©, les institutions nous permettent d'inscrire notre action dans une rĂ©alitĂ© durable. C - En derniere instance, les devoirs nous ramenent au respect d'autrui Respect signifie Ă©tymologiquement regard. Le dĂ©sir est aveugle. Le devoir consiste Ă arrĂȘter le mouvement vertigineux pour considĂ©rer autrui. Autrui me regarde, je ne suis plus seul. Ma conscience me juge. Je ne suis plus d'un bloc. Conclusion "Je est un autre" Rimbaud. Le sens du devoir, voilĂ ce qui Ă©tait en jeu dans ce sujet je ne suis humain que si j'accepte d'ĂȘtre regardĂ©, et d'inscrire mon action dans un champ collectif. Je ne suis plus innocent. Je suis conscience de moi-mĂȘme.
Ainsi pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ© DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. [] [] Nous nous devons de respecter l'humanitĂ©, cela est un fait.
RĂ©sumĂ© du document Le devoir peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une obligation et doit ĂȘtre mis au profit de ma libertĂ©. Ainsi, pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ©... DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. Autrui est mon semblable, mon alter Ă©go, et c'est l'une des raisons principales des devoirs que j'ai envers autrui ... Sommaire IntroductionI Des devoirs qu'envers autruiA. Autrui, mon semblableB. Les animauxC. L'homme en tant que lui-mĂȘmeII Les devoirs envers soi-mĂȘmeA. Des devoirs de personneB. Une sincĂ©ritĂ© envers moi-mĂȘmeC. La recherche du bonheur est un devoirIII L'humanitĂ© est la cause du devoirA. Respecter l'humanitĂ©B. Respecter nos ancĂȘtresConclusion Extraits [...] Dissertation N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? 1. Des devoirs qu'envers autrui A. Autrui, mon semblable Le devoir peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une obligation et doit ĂȘtre mis au profit de ma libertĂ©. Ainsi, pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ© DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. [...] [...] Nous nous devons de respecter l'humanitĂ©, cela est un fait. Ainsi, l'homme porte l'humanitĂ© en lui et le respect qu'il a de lui-mĂȘme se porte Ă l'humanitĂ© entiĂšre. B. Respecter nos ancĂȘtres Comme le dit les Dix commandements Tu respecteras, ton pĂšre, ta mĂšre et tes ancĂȘtres Nos ancĂȘtres fait ce que nous sommes aujourd'hui. Ainsi, on doit s'intĂ©resser aux actes de nos ancĂȘtres et donc se cultiver sur les habitudes, leurs histoires Le devoir de connaissances sur nos ancĂȘtres est important pour nous connaitre nous-mĂȘmes. [...] [...] Certes, je suis libre de le maltraiter ou de me suicider mais je dispose d'une certaine morale qu'il faut mettre Ă profit dans certaine condition. Ainsi, les devoirs envers autrui concernent aussi ma propre personne. B. Une sincĂ©ritĂ© envers moi-mĂȘme DĂšs lors, le devoir ne doit pas s'arrĂȘter lĂ . Je respecte autrui mais je me dois aussi d'ĂȘtre morale dans mes intentions. Ainsi, grĂące Ă mes intentions morales, je suis apte Ă respecter autrui et moi-mĂȘme comme il se doit. Comme le montre Kant, je me dois de me respecter et d'agir par devoir. [...]
Ainsi si ce n'est pas envers autrui, les devoirs nous concernent d'abord nous-mĂȘme. Mais il y a bien une raison pour laquelle la question n'est pas simplement "N'avons-nous pas de devoirs envers nous-mĂȘme ?". Il faut ainsi considĂ©rer en parallĂšle son rapport Ă
Plan rĂ©digĂ© proposĂ© Le devoir est une rĂšgle morale qui s'impose Ă un individu lorsqu'il agit, et a pour but de limiter sa propre action Ă l'Ă©gard d'une chose conçue comme extĂ©rieure Ă lui. Ib. En ce sens, le devoir s'oppose au droit, et c'est l'Ă©quilibre des droits et des devoirs qui permet Ă des individus decoexister. Ic. Cette dĂ©finition du devoir ne semble pas alors exclure la possibilitĂ© de devoir envers autre chose qu'une autrepersonne, puisque rien ne dit a priori que les choses ne sont pas autant digne de respect que les hommes. 2. IIIa. Cette maniĂšre de concevoir le devoir appelle donc une rĂ©flexion sur ce qui fonde la valeur des choses pour unesprit humain. IIb. Poser ainsi la question renvoie alors Ă la maniĂšre dont se construisent les jugements de valeur humains. Or, la raisonhumaine a pour propriĂ©tĂ© d'Ă©valuer les choses en fonction de normes qui sont directement dĂ©duite de la conscience qu'il ade lui-mĂȘme. IIc. En ce sens, si les choses ne sont pas libres comme l'homme, et s'il est possible de dire que seul un homme peut avoirla mĂȘme valeur qu'un autre homme, il semble nĂ©cessaire de conclure que nous n'avons de devoir qu'envers nous-mĂȘmesen tant que membre de l'humanitĂ© ou envers autrui. 3. IIIa. Toutefois, cette maniĂšre anthropocentrique de concevoir le devoir est passablement problĂ©matique, dans lamesure oĂč elle postule pour vrai ce qui n'est qu'une dĂ©ficience ou une limite de la raison humaine. Autrement dit, ce n'estpas parce que nous ne sommes pas capables de nous mettre Ă la place d'un arbre ou d'un animal qu'ils ne sont pasdignes de respect. IIIb. DĂšs lors, il semble nĂ©cessaire de reconnaĂźtre que nous avons par principe des devoirs envers les choses, et passeulement envers autrui ou nous-mĂȘmes. Le problĂšme est toutefois que nous ne savons quels devoirs prĂ©cis nous avonsalors envers les choses. IIIc. Il semble alors nĂ©cessaire de substituer Ă l'absence de connaissance prĂ©cise des devoirs que nous avons envers lesautres choses un principe de prĂ©caution. Autrement dit, nous devons agir prudemment pour ne pas mettre en pĂ©rill'existence de choses que nous sommes incapables d'Ă©valuer, ce qui nous oblige Ă agir de façon responsable et Ă affirmerun devoir envers toute chose.. »
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Parmiles devoirs particuliers envers autrui, le premier est la véracité de la parole et de la conduite. Elle consiste dans la conformité entre ce qui est et dont on a conscience et ce que l'on dit et montre aux autres. - Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité
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